Pourquoi ce blog ?

Parce que je pense qu'un témoignage n'est jamais inutile et que plus personne ne parle de cette saloperie...


mardi 3 mars 2015

Truvada et dépistage rapide : Euh, ça part en vrille, non ???

Aujourd'hui, je ne vais pas parler de moi, de mon traitement, mon état de santé et de mes effets secondaires qui deviennent finalement primaires tellement ils sont présents.

Non, je vais aborder deux sujets qui me laissent plus que perplexe :
  • Le dépistage rapide du V.I.H.
  • Le traitement par Truvada en remplacement de la capote.

Le Dépistage rapide du V.I.H.

Cela fait plusieurs années que j'entends parler de cette nouvelle "mode" qui permet de connaître en moins de 30 minutes votre état sérologique.

J'en ai bénéficié (si je puis dire) lorsque je suis arrivé aux urgences le 15 janvier 2014 et, effectivement, en moins de 30 minutes, un médecin est venu me voir pour me dire que j'étais touché par la maladie. Heureusement, j'étais aux urgences, encadré et pris en charge.

Maintenant, pourquoi cela me gêne-t-il ?

Simplement parce que certaines associations proposent ce test directement sur les lieux de drague, de consommation sexuelle, sur les places publiques, entre deux portes, entre deux métros ou entre deux ascenseurs !!! 

La première pensée qui me vient tout de suite à l'esprit : en cas de test positif, qui prendra en charge l'individu jusqu'à ce qu'il se remette de cette émotion pour le moins terrifiante ?

Est-ce qu'un acteur de prévention, à 3 h 00 du matin, dans un bois, sur un parking d’autoroute, dans une boîte de nuit, au fond d'une backroom aura le temps de s'occuper de la personne en question ? 

Quel temps pourra-t-il lui accorder au final ?

Dans quel état d'esprit peut repartir un individu à qui l'on vient de dire :

"Mon gars, tu es probablement plombé, tu vas devoir aller à l'hôpital pour que l'on te confirme ce dont je ne suis absolument pas sûr et, dans la foulée, tu devras probablement prendre des traitements très agressifs toute ta vie et ta sexualité ne sera plus jamais pareille ?"

Que pouvons-nous imaginer qu'il fera ? Est-ce qu'il se jettera sous la première voiture qui passe ? Est-ce qu'il se précipitera dans la Seine ou la Garonne ou est-ce qu'il se noiera dans la première flaque de sperme trouvée au fond de la backroom où il se trouve ?

Autre question concernant ce test rapide : Si deux individus se font dépister ensemble, qu'ils sont tous les deux négatifs "sur le moment", que vont-ils faire ? Ne pas utiliser de capote ?

Est-ce cela faire de la prévention ? Dire aux mecs :

"C'est bon, vous êtes négatifs, envoyez-vous en l'air même si l'on ne sait pas ce que vous avez fait dans les jours précédents ???" 

Et s'il y a séro-discordance, que se passera-t-il ? On le sait très bien, beaucoup de mecs font du "séro-triage" qui consiste à ne pas coucher avec un individu qui "semble" être malade... Comme si c'était écrit sur son front !!! Que fera-t-il ? Il le plantera, là, comme une merde !!! Super !!!

Les réactions humaines sont toutes différentes mais ne sont jamais anodines. Pendant toutes ces années, de multiples précautions étaient prises après un test, personne n'apprenait sont état sérologique en dehors de la présence d'un médecin. Aujourd'hui, c'est un bénévole (je ne dénigre pas leur travail, au contraire, je sais combien il est important et difficile) qui va leur dire.

Avec quel bagage psychologique, avec quel recul, avec quelle compétence ???

Et je le redis, le travail des bénévoles est essentiel mais celui-là est, à mon humble avis, pas du tout de leur ressort. 
 C'est au médecin de faire ce job, à personne d'autre. 

Et puis, tant que nous y sommes, à quand les résultats par courrier recommandé, par mail ou par SMS ???

Le traitement préventif par le Truvada
Définition : "L'emtricitabine/ténofovir est un agent antirétroviral contre le VIH-1 et le VIH-2, composé d’emtricitabine (nom commercial Emtriva) et de fumarate de ténofovir disoproxil (nom commercial Viread). Ces deux molécules sont des inhibiteurs nucléosidiques de la transcriptase inverse (NRTI). Il est prescrit lorsque le patient est déclaré séropositif, mais il est également étudié en prévention pour des populations précises, dans le cadre d'essai sur les PreP et autorisé dans cette prescription aux États-Unis. Il est vendu sous le nom Truvada."

Soudainement, c'est tout de suite moins sexy !!!
Ce n'est pas de la Valériane ou du Tilleul, c'est du 100 % chimique !!!

L’enquête Ipergay 2015 aurait démontré l'efficacité à 86 % de ce médicament contre la contamination en prenant un cachet de Truvada le jour d'avant, le jour même et le jour d'après une relation sexuelle non protégée : En clair tu prends un médicament pour baiser !!!

Bon, déjà, il faut savoir que tu vas avoir une relation sexuelle la veille de celle-ci. Bon, pour certains, c'est simple mais j'en connais d'autres pour qui cela va être compliqué...Et j'en connais d'autres qui devront prendre tous les jours du Truvada...

Mais là où ce type de proposition de prévention me gêne c'est le concept même de cette prévention :

"Si tu veux baiser "normalement" - comme si utiliser une capote était anormal... pffff - il faut que tu prennes un médicament dont on sait, pour ceux qui le prenne déjà, les effets secondaires dévastateurs des molécules qui le composent (La liste des effets secondaires du Truvada est en fin d'article)."

Autre élément qui pourrait être dissuasif à moins de s'appeler Liliane Bettencourt ou Bill Gates, c'est le coût du Truvada :
520 € la boîte de 30 comprimés
17.33 le cachet !!!
Puisqu'il faut en prendre minimum 3,
cela fait le coup de bite à 51.99 €.
Allez, j’arrondis à 52 € !!! 
Soyons généreux avec les labos !!!

C'est super économique, non ?
Pour mémoire, une capote, c'est entre 0.25 € et 0.77 €...

Dans le cas d'une infection constatée et gérée médicalement, ce traitement est pris en charge à 100 % par la sécu mais dans le cas d'une utilisation "récréative", qui prendra en charge un tel coût ??? Qui en aura les moyens ?

Sans compter que ce satané virus a la fâcheuse faculté de muter facilement. Qu'adviendra-t-il de ce traitement lorsque le virus aura développé une résistance à ces molécules ?

Bref, tout ça pour dire qu'aujourd'hui, à mon avis, la prévention part en vrille :
  • parce que cette infection s'est terriblement banalisée,
  • parce que plus personne n'en parle d'un point de vue strictement médical et psychologique,
  • parce que partout, nous entendons de plus en plus que c'est une maladie chronique,
  • parce que les traitements sont très efficaces et que l'on meurt moins, voire plus du tout de cette saloperie.
Et là, je dis "STOP" !!!
  • C'est un traitement à vie !!!
  • C'est prendre des médicaments chimiques tous les jours !!!
  • C'est vivre avec la peur qu'un jour une molécule ne fonctionne plus parce que ce satané virus aura muté et aura développé une résistance !!!
  • C'est avoir peur qu'un cancer opportuniste fasse son apparition !!!
  • C'est être très souvent fatigué !!!
Alors :
Mesdames et messieurs les journalistes,
Mesdames et messieurs les professionnels de la médecine,
Mesdames et messieurs les requins des laboratoires pharmaceutique :

Arrêtez de banaliser, de minimaliser cette maladie, de la réduire à une question uniquement médicamenteuse. C'est autre chose de plus grave et d'emmerdant, de très emmerdant. Cela ne se résume pas à quelques grammes de chimie destructrice tous les jours...

Mesdames et messieurs les acteurs de prévention - dont j'ai fait partie pendant presque 15 ans : 

Reprenez-vous, rappelez-vous ce que nous avons vécu dans les années 80 et 90, ne vous laissez pas attendrir par de jolis discours rassurants des professionnels de santé et surtout des labos. Ce n'est pas à vous de dépister les gens et ce n'est pas à vous de conseiller le Truvada comme palliatif à la capote.

Je conclurai mon propos par une citation du 5ème élément :
"Le temps n'a pas d'importance,
seule la vie est importante"

Et bien, tout le sujet est là : La vie de tous est importante et principalement dans cette situation, une seule solution :
"La capote et les centres de dépistage".

Toute autre forme de solution est, à date et en l’état actuel des connaissances, au mieux une non-solution, au pire, la pire des solutions !!!
REPRENEZ-VOUS !!! 

Cela fait plus de 30 ans que nous attendons, la recherche a fait d'énormes progrès, nous ne partons plus en moins de 6 mois comme dans les années noires (80 et 90).

Je vais citer une association qui a beaucoup compter pour moi (elles se reconnaîtront) :
"BE PATIENT"

Effets secondaires "très glamour" du Truvada :
  • Troubles hématologiques et du système lymphatique : Fréquent : neutropénie
  • Troubles du système immunitaire : Fréquent : réaction allergique.
  • Troubles du métabolisme et de la nutrition : Très fréquent : hypophosphatémie. Fréquent : hyperglycémie, hypertriglycéridémie.
  • Troubles psychiatriques : Fréquent : insomnie, rêves anormaux.
  • Troubles du système nerveux : Très fréquent : céphalées, vertiges.
  • Troubles gastro-intestinaux : Très fréquent : diarrhée, vomissements, nausées. Fréquent : élévation des lipases sériques, élévation de l'amylase, y compris de l'amylase pancréatique, douleurs abdominales, dyspepsie, flatulences.
  • Troubles hépatobiliaires : Fréquent : augmentation des transaminases, hyperbilirubinémie.
  • Troubles cutanés et du tissu sous-cutané : Fréquent : urticaire, éruption vésiculobulleuse, éruption pustuleuse, éruption maculopapuleuse, prurit, éruption et dyschromie cutanée (hyperpigmentation).
  • Troubles musculosquelettiques et systémiques : Très fréquent : élévation de la créatine kinase.
  • Troubles généraux et anomalies au site d'administration : Fréquent : douleur, asthénie.
Ca donne envie, non ?

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