Bonjour à tous,
Bon, après un anniversaire légèrement arrosé avec mon mari, la réalité se rappelle à moi et aujourd'hui, c'est jour de la prise de sang trimestrielle... Hum, en espérant qu'ils trouvent plus de sang que d'alcool...
J'arrive à 7 h 55 pour mon rendez-vous à 8 h 00. J'aime bien le matin, car au moins, je ne suis pas trop conscient de ce que je vais vivre pendant quelques minutes.
Je demande à la gentille infirmière d'être allongé, être assis est pour moi synonyme de "tomber dans les pommes". Elle me lance un lapidaire et soudainement moins gentil qu'au départ : "Ne vous mettez pas en mauvaises conditions."
Je décide donc de lui expliquer le pourquoi d'une telle phobie, car il s'agit bien là d'une phobie. La prise de sang du jour n'ayant pas le moindre intérêt particulier. Je lui raconte donc :
"A l'âge de 8 ans, avec ma famille, nous habitions en Normandie, entre Rouen et Dieppe, une maison typiquement normande... D'ailleurs, la voici, elle existe toujours :
La photo date de 2014, nous y avons habité au cours des années 1970. La partie droite n'existait pas, à l'époque il y avait l'atelier de mon père et le garage de la voiture. |
Au dos de cette maison, il y avait un panneau d'affichage 4x3 et un après-midi, un colleur d'affiches vient changer l'affichage. A cet âge-là, curieux, mon frère, 6 ans et moi, 8 ans donc, nous allons le regarder travailler. Cela avait quelque chose de fascinant de voir ces grandes affiches toutes petites dans son sac prendre toute leur dimension avec deux coups de balais... Bref, nous étions en admiration...
Au bout de quelques minutes, ma mère nous appelle. Nous décidons de faire le tour de la maison en courant pour la rejoindre et là, le drame.
Un petit monticule de bouteilles cassées se dresse sur notre chemin. Mon frère se prend les pieds dedans et tombe. Un fond de bouteille lui lacère le poignet gauche, du centre de la main jusqu'à l'intérieur du coude, en zigzag. Nous apprendrons après que tout son système sanguin a été sectionné ainsi que le système nerveux de la main. Il a passé plusieurs heures au bloc afin de tout réparer au mieux. Aujourd'hui encore, à plus de 40 ans, il peut mettre son petit doigt sur une surface chaude, il ne sentira rien...
Le sang se met alors à giclé aussi fort que nos cris. Nous reprenons notre course aspergeant de sang les murs de la maison. Là, je vais toujours bien...
Ma mère nous voit, hurle, se reprend et fait le seul geste qu'il fallait faire dans cette situation mais qui provoquera la phobie dont je n'arrive pas à me défaire :
Ma mère nous voit, hurle, se reprend et fait le seul geste qu'il fallait faire dans cette situation mais qui provoquera la phobie dont je n'arrive pas à me défaire :
"Elle me prend mon doudou qui ne me lâchait jamais
pour faire un garrot à mon frère
avant de l'emmener à l'hôpital le plus proche..."
A ce moment-là, et ce n'était vraiment pas le moment, je suis tombé dans les pommes. Depuis ce jour, dès que je vois une goutte de sang, une cicatrice un peu trop "fraîche", une blessure, ce sont les pommes assurées. En revanche, dès que je sais que c'est faux (dans les films par exemple), aucun problème.
Cette histoire s'est passé en 1977, il n'y avait donc pas de portable et rarement le téléphone fixe, lorsque mon père est arrivé, il n'y avait plus personne à la maison, seulement les traces de sang partout. Compte tenu de l'urgence, ma mère n'avait pas pris le temps de laisser un petit mot explicatif. Je vous laisse imaginer la panique et la frayeur qu'il a vécu..."
Voici donc l'histoire d'une phobie dont je connais l'origine mais contre laquelle je n'arrive absolument pas à lutter même si les 15 jours que j'ai passés à l'hôpital à me faire piquer plusieurs fois par jour on légèrement amélioré les choses, cela reste pour moi un moment pénible qui m'angoisse plusieurs jours avant.